mercredi 27 août 2014

autoportrait vintage

En 1998, étudiant sur le Festival du Film d'Amour, on me refile une machine portative et manuelle qui permettait de développer le négatif en un temps record. Le négatif était dégueulasse et se dégradait à une vitesse vertigineuse (fissures et décollements). Mais cette première expérience a imprimé chez moi une sorte d'urgence photographique qui ne s'est jamais démentie.

Je n'ai jamais été un grand fan du laboratoire - même si j'ai passé un sacré paquet de nuits blanches dans ma cavette. Une cavette que j'avais fait peindre en noir, du sol au plafond - sans oublier le portail déroulant. Plus que le travail de laboratoire, j'aimais l'ambiance de la nuit, les muscles endoloris, la cervelle tournant en boucle sur de sottes idées de perfection. Je jouais au noctambule dans la puanteur de vinaigre rassi*.

Les tons "touristiques" de la pellicule Kodak me donnaient envie de vomir. Je préférais les tonalités froides des films Fuji. Agfa ne me faisait ni chaud ni froid. Et de toute façon je ne produisais que du noir et blanc Ilford ou T-Max glanés chez Marc Ghuisoland, le petit-fils de vous-savez-qui. Quelques années plus tard, sans prendre véritablement en compte mes préférences, Agfa met la clef sous la porte. Début 2012 c'est Kodak qui dépose le bilan. En mars 2013 Fujifilm officialise la fin de sa production de pellicule, remerciant au passage tout ceux qui, un jour passé...

J'ai loupé l'âge d'or de la pellicule. C'était pourtant bien parti.

* celle du bain d'arrêt, sans oublier celle plus douceâtre du révélateur cuit et recuit, plus jaune que vin de paille - quasiment de l'urine.